Prendre soin de soi c’est pour les riches

En ces temps de pandémie, on entend de plus en plus parler de l’importance de prendre soin de soi, de prendre du temps pour s’adonner à des hobbies, de se faire des petits plaisirs, d’acheter local, etc. Qu’arrive-t-il lorsque nos moyens ne nous permettent pas ce genre de luxe? Quand on a déjà de la difficulté à boucler le mois, quand on vit à crédit pour remplir le frigo, quand on a à peine de quoi manger trois fois par jour? Prendre un bain moussant aux chandelles avec un verre de notre vin préféré n’est pas une priorité et ne se retrouve pas dans nos moyens.

Les chiffres

37% des Québécois vivent avec moins de 25 000$ par année.

29% des Québécois vivent avec moins de 50 000$ par année.

14% des Canadiens vivent en dessous de la barre du faible revenu. (En dessous de 22 000$ par année)

Plus de 1,2 millions d’enfants Canadiens se retrouvent dans des ménages à faible revenu.

12% des aînés Canadiens se retrouvent aussi sous la barre du faible revenu.

Sources: Site Internet de Revenu Québec et Ici Radio-Canada

La santé mentale quand on est précaire

Malheureusement, la santé mentale passe en deuxième pour tous les ménages québécois et canadiens qui vivent sous la barre du faible revenu puisqu’ils doivent remplir leurs besoins physiques de base: se loger, se nourrir, se vêtir et s’assurer de leur sécurité. Beaucoup de gens ont dû continuer à travailler au front à des salaires médiocres durant la crise parce qu’ils n’avaient pas les moyens d’arrêter (croulent sous les dettes, loyer ou comptes en retard, etc). D’autres n’ont pas eu le choix d’arrêter de travailler (fermeture des écoles et services de garde, mise à pied, etc) et cela les a placé dans des situations encore plus précaires.

Maintenant, imaginez être à leur place et entendre le gouvernement dire à la population qu’il faut prendre soin de soi, qu’il faut prendre des marches et se couler un petit verre de vin alors que tu manges du Kraft Dinner pour la troisième fois cette semaine… Imaginez voir sur les réseaux sociaux tous les gens qui se font des bons cafés spécialisés, se font livrer du Uber Eats de leur restaurant préféré, prennent des bains avec des produits hors de prix, qui se planifient une fin de semaine au chalet “pour décrocher de tout le stress qu’ils vivent”…

Je ne dis pas cela pour vous faire culpabiliser, je profite de tous ces privilèges de ma classe sociale autant que vous, mais je voulais prendre la peine de nommer que c’est vraiment un privilège que d’avoir le temps de prendre soin de sa santé mentale. En ce moment, les lignes d’appel des centres de crises explosent, les surdoses ont augmenté, la dépression, l’anxiété s’enracinent profondément dans la vie de beaucoup de gens. Il faut le reconnaître, le nommer et agir.

Comment agir?

Faire un don de produits spéciaux à votre banque alimentaire municipale (faire des petits kits de luxe)

Offrir de garder les enfants de quelqu’un dans votre entourage

Demander aux aînés du coin s’ils veulent aller prendre une marche avec vous

Dire bonjour aux gens que vous croisez et rester poli avec TOUT LE MONDE. La vie est assez dure comme cela, essayons d’être humain!

Donc..

Oui, le “self care” c’est pour les riches, les biens nantis. Mais une bonne santé mentale peut être encouragée si on prend l’habitude de prendre soin des gens autour quand on a les moyens de le faire.

Published by Créat’heure Éducative

Éducatrice spécialisée dans une école secondaire Kanien'keha:ka à Kanehsata:ke. J'y suis aussi intervenante en prévention de la toxicomanie et de la santé mentale. Maman d'un jeune garcon de 1 an!

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